Festival de Venise 2005 – en compétition
Festival de Deauville 2005 – Hommage à Forest Whitaker
Fernando Sulichin
Marion Cotillard
Stefania Rocca
Forest Whitaker, Abel Ferrara et Fernando Sullichin
seront à Deauville les 9 et 10 septembre 05.
DISTRIBUTION PAN-EUROPEENNE EDITION WILD BUNCH 26, rue des Carmes 75005 Paris Tél 01 53 10 42 50 Fax 01 53 10 42 69 www.paneuropeenne.com www.wildbunch.biz |
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RELATIONS PRESSE BOSSA NOVA Michel Burstein 32, boulevard Saint-Germain 75005 Paris Tél 01 43 26 26 26 Fax 01 43 26 26 26 www.bossa-nova.info |
Mary Palesi / Marie Madeleine Juliette Binoche
Theodore Younger Forest Whitaker
Tony / Jesus Matthew Modine
Elizabeth Heather Graham
Gretchen Mol Marion Cotillard
Brenda Sax Stefania Rocca
Carlos Mohammad Cheriff
Infirmière Nicu Gisella Marengo
Infirmière # 2 Francine Berting
Prêtre Massimo Cortesi
Invité plateau JEAN-YVES LELOUP
Réalisateur ABEL FERRARA
Scénario SIMONE LAGEOLES
Producteurs FERNANDO SULICHIN
ROBERTO DE NIGRIS
Directeur de la photographie STEFANO FALIVENE
Producteur délégué MASSIMO CORTESI
Coproducteurs FRANK DE CURTIS
JEAN CAZES
MARIO ISABELLA
GIUSEPPE BONZI
THIERRY KLEMENIUK
JEAN PIERRE MAROIS
Producteurs associés LOUIS SAUL
FRANCESCO DI SILVIO
MARCO CONSONI
Montage LANGDON F. PAGE
Chef Décorateur FRANK DE CURTIS
Musique FRANCIS KUIPFERS
Directeur de production RICCARDO NERI
Directrice artistique MONICA SALLUSTIO
Effets spéciaux RENATO AGOSTINI
Régisseur général MANUELA CACCIAMANI
Régisseur extérieur GIUSEPPE NARDI
Asst. Monteur ANNALISA SCHILLACI
Ingénieur de son DAVIDE MAGARA
Perchman ALEX CATTANEO
Directeur artistique MONICA SALLUSTIO
Costume SILVIA NEBIOLO
Maquillage ROBERTA PETRINI
Coiffure ELISABETTA DE LEONARDIS
Casting US FERN CASSEL
Casting Italie STEFANIA DE SANTIS
Photographe de plateau ROMOLO EUCALITTO
Photos additionnelles ROSE SERRA
SYNOPSIS
Mary s'inspire de la mythique Marie Madeleine, disciple de Jésus.
Ce récit évoque trois personnages liés par son esprit et son mystère...
Marie Palesi, actrice, l'incarne pour le cinéma et reste illuminée par ce personnage.
Tony Childress, réalisateur, joue Jésus Christ dans son propre film.
Ted Younger, célèbre journaliste, anime une émission sur la foi.
Entre fascination et quête spirituelle, le destin les réunira...
Notes de production
Avec Mary, Abel Ferrara ajoute une nouvelle pierre à l’édifice d’une filmographie imprégnée de spiritualité. Une pierre d’autant plus précieuse que le cinéaste y traite pour la première fois de front un personnage des Évangiles: Marie-Madeleine. « Mary est très fidèle aux écritures, confie le producteur Fernando Sulichin. Nous voulons corriger certaines erreurs concernant Marie-Madeleine, notamment le fait que ce n’était pas une prostituée.»
On retrouve dans Mary d’autres préoccupations chères à Ferrara comme l’artiste en perte de repères et la description sans fard des coulisses du cinéma, thèmes qu’il avait déjà abordés dans Snake Eyes et The Blackout. «J’aime faire des films là-dessus, souligne Ferrara. C’est un genre très risqué mais c’est le sujet que je connais le mieux. Je me demande toujours comment un acteur peut réintégrer une vie normale après avoir fini un film.» D’où le personnage de Mary, actrice hantée par la figure de Marie-Madeleine après l’avoir incarnée à l’écran. Mary (Juliette Binoche) est au centre d’une trinité également composée de Tony (Matthew Modine), réalisateur du film dans lequel il joue, et interprète le rôle de Jésus, et Ted (Forest Whitaker), présentateur athée d’un programme télévisé sur la religion qui traverse une grave crise personnelle. Deux hommes ambitieux sur lesquels l’évolution de Mary va exercer une influence déterminante.
«Mary décide de se rendre sur les lieux des Évangiles parce que son rôle a touché des choses en elle dont elle n’avait pas conscience, des sentiments qu’elle avait négligés» raconte Juliette Binoche.
A l’instar de son personnage, Binoche s’est elle-même rendue huit jours à Jérusalem avant le tournage pour s’imprégner de ce rôle qui lui tient particulièrement à cœur: «Jean-Yves Leloup, qui a traduit les Evangiles de Marie-Madeleine et en préparait une adaptation pour le cinéma, m’avait déjà proposé de l’interpréter mais le film ne s’est pas fait. Que ce personnage frappe une nouvelle fois à ma porte ne pouvait pas n’être qu’une simple coïncidence... Bien que ce soit le point de vue qu'on nous ai enseigné depuis des siècles, Marie-Madeleine (Myriam de Magdala) n'a jamais été prostituée, elle a été décrite comme "pécheresse", dans le contexte juif de l'époque, on peut comprendre qu'elle pouvait déranger car elle n'était pas mariée et n'avait pas d'enfants. On dit aussi d'elle que Jésus aurait chassé les 7 démons qui la tourmentaient. En étudiant l'évangile de Marie-Madeleine, j'ai été surprise de découvrir sa description de l'âme tourmentée qui traverse les étapes des différents niveaux d'émotions et de consciences. Il est intéressant aussi de lire l'évangile de Philippe afin d'avoir un autre point de vue du témoignage de la vie de Jésus, il est décrit dans le logion 32 : "Ils étaient trois qui marchaient toujours avec l'Enseigneur : Marie, sa mère, la sœur de sa mère, et Myriam de Magdala qui est comme sa compagne car Myriam est pour lui une sœur, une mère et une épouse". C'est un personnage inspirant, il me semblait nécessaire aujourd'hui de participer à un film qui remette le féminin dans une parole universelle, qui n'appartient à aucune religion si ce n'est celle du cœur.»
«Qu’est-ce qu’avoir la foi? Pourquoi croire? Qui était Jésus? Pourquoi tous ces problèmes entre croyants?… sont autant de questions qu’aborde Mary» ajoute Sulichin. Des questions que Ferrara traite avec son sens habituel de la morale en opérant des va-et-vient entre passé et présent, ainsi qu’entre réalité, fiction et fantasmes.
«Faire un film comme Mary ressemble à l’ascension de l’Everest, lâche Fernando Sulichin. Tout est contre vous. A commencer par le nom d’Abel Ferrara. Tout le monde s’accorde à dire que c’est un génie mais personne ne veut miser un dollar sur lui.» Il en faut plus pour décourager Sulichin, habitué aux projets audacieux (Malcolm X, She Hate Me de Spike Lee ; Alexandre d’Oliver Stone) et qui avait déjà travaillé avec Ferrara sur The Addiction. «Ferrara est un puriste. Il essaye de survivre tout en restant fidèle à lui-même et à sa vision des choses dans un monde surmédiatisé où règne le culte superficiel de la célébrité et de la mode. C’est très dur pour les réalisateurs comme lui.»
Coutumier du fait, Ferrara a donc bénéficié d’un budget restreint (4 M d’Euros) et d’un temps de tournage limité (22 jours). Débutées par deux jours d’extérieurs à New York et achevées par une journée dans la Vieille Ville à Jérusalem, les prises de vue se sont principalement déroulées à Rome où Ferrara a récemment élu résidence. «A New York, les choses sont devenues folles depuis le 11 septembre, confie le cinéaste italo-américain. J’ai mis du temps pour revenir dans la course. Comme j’avais besoin de faire un break, j’ai émigré en Europe. Mais, où que je sois, je fais toujours des films sur New York.» Ainsi, par souci pratique et d’économie, l’appartement romain de Ferrara a servi de salle de montage mais aussi de décor pour l’appartement new-yorkais de Ted dans le film.
Malgré des conditions de tournage difficiles, Abel Ferrara a une fois de plus réuni autour de lui un casting impressionnant, motivé par la personnalité du cinéaste et l’ambition du projet.
Juliette Binoche avoue avoir longuement réfléchi avant de se lancer dans l’aventure: « Je me demandais s’il était possible d’aborder la question de Jésus et de Marie-Madeleine dans un film où, connaissant la réputation de Ferrara, il y aurait beaucoup d’improvisations et de changements de dernière minute. Je crois simplement qu’il faut avoir la foi (rires).»
Fernando Sulichin se souvient de la première rencontre Binoche-Ferrara: «Elle a eu lieu dans un restaurant parisien. Abel avait très peur: Juliette voulait lui parler seule. Elle est arrivée avec deux heures de retard à cause des embouteillages. Abel était comme un lion en cage. Après une heure et demie d’entretien, il est venu vers moi en sueur, s’est mis à pleurer et m’a dit: «Elle est phénoménale. Elle en connaît plus que moi sur Marie-Madeleine. Tu es en train de foutre mon film en l’air.» «Notre seconde rencontre a eu lieu à New York, renchérit Binoche. C’était assez étrange et je n’étais plus très sûre de vouloir faire le film. Puis j’ai demandé à Harvey Keitel de me parler d’Abel. Harvey l’adore. Il m’en a vraiment parlé avec le coeur. C’est là que je me suis dit «Ok, allons-y». Mais, d’après ce que j’ai pu entendre, Abel était bien plus effrayé que moi à l’idée que nous travaillions ensemble (rires).»
Par leurs méthodes de travail radicalement opposées, Binoche et Ferrara se sont enrichis mutuellement, comme l’explique Fernando Sulichin: «C’était un vrai défi pour Abel de travailler avec Binoche. Ce n’est pas une actrice free-style. Elle a des méthodes très orthodoxes, elle prépare beaucoup. Le degré d’implication de Juliette a forcé Abel à être dans un état d’alerte constant et à se dépasser.»
Réciproquement, les craintes de Binoche se sont vite transformées en stimulation créative. «Tourner avec Abel exige vraiment d’être synchrone avec lui, avec son énergie, précise la comédienne. Pour un acteur, c’est parfois très difficile. On manque de repères. On ne peut pas débarquer sur le plateau et lui demander «Dis-moi exactement ce que tu veux». Il faut avoir beaucoup de confiance, de patience et savoir ce que l’on fait. Abel attend des acteurs qu’ils arrivent avec leur propre univers.» Ferrara confirme: «Je ne suis pas fan de ce genre de musique mais le tournage d’un film me fait penser à une improvisation de jazz. Il faut saisir le moment où ça se passe. Où tout est réuni pour que ça fonctionne. Vous pouvez refaire les choses sans cesse, ça ne sert à rien si le truc n’est pas là.»
Une façon de procéder qui a permis au cinéaste de tirer de ses acteurs certaines de leurs plus intenses prestations (on se souvient, en particulier, de Christopher Walken dans King of New York ou d’Harvey Keitel dans Bad Lieutenant).
L’osmose entre le regard singulier d’Abel Ferrara et les performances de Juliette Binoche, Marion Cotillard, Heather Graham, Forest Whitaker et Matthew Modine (pour la deuxième fois chez Ferrara après The Blackout) impose Mary comme une expérience cinématographique unique. Atypique. Habitée. De celles dont le réalisateur américain a le secret.
Entretien avec Juliette Binoche
« Le SacrÉ, c’est faire un geste avec vÉritÉ et amour. »
Comment aborder un personnage comme Marie Madeleine ?
Par des questions. C'est en étant dans les questions que se dessinent peu à peu un sentiment, une émotion, une couleur, des parfums. Et c'est très précieux de venir sur les lieux où elle a vécu, de regarder la couleur du lac, le reflet du ciel dans l'eau, les fleurs de Galilée, le vent... J'ai compris aussi, à partir des textes, qu'elle était en chemin, en recherche ; elle avait une telle soif, une telle faim en elle, qu'elle devait se jeter aux pieds de Jésus et le suivre jusqu'au bout. Elle ne pouvait faire autrement que d'aller vers, de se jeter à ses pieds, à la racine de l'être, à la racine de Jésus. Son premier geste me fascine, c'est son premier départ vers l'inconnu, sa soif la dépasse, c'est un amour autre. C'est l'amour de l'autre. C'est un amour qu'elle n'a jamais connu.
En quoi est-ce que le personnage de Marie Madeleine vous touche particulièrement ?
Le troisième millénaire sera peut-être celui du féminin, et de Marie Madeleine pour certains. Marie Madeleine remet en question bon nombre d'idées, de croyances, de certitudes. C'est un grand coup de vent dans les cheveux pour les femmes, pour les hommes, pour les Eglises diverses et variées. L’évangile de Jean nous montre qu'elle est le premier témoin de la résurrection de Jésus. Elle est la première chrétienne, l'apôtre des apôtres. L'évangile de Marie et les textes apocryphes coptes de Nag Hamadi, notamment l'évangile de Philippe, que l'on a découverts au XXe siècle, montrent la place importante que tenait Marie Madeleine auprès de Jésus dans la toute première communauté chrétienne. Cela complète les évangiles canoniques et nous révèle un autre visage de femme que celui de la vierge, de la mère ou de la prostituée, qui sont les trois archétypes de femmes transmis par la tradition catholique. Ce qui me touche chez Marie Madeleine, c'est son besoin d'absolu. Elle devait être dans un désespoir, elle avait dû traverser des étapes douloureuses.
Est-ce que vous-même vous vous reconnaissez dans cette femme qui a souffert, qui a été blessée et qui est habitée par une grande soif d'absolu ?
Oui. Il y a eu dans ma vie des étapes de doute, de désespoir. (silence). Ces moments-là, d'ailleurs, sont à traverser. Ne pas les fuir, mais les vivre, vivre les questions que les doutes apportent. On vit des cycles. Je sais que les périodes difficiles sont des épreuves qui touchent des zones fragiles, mais qui permettent l'ouverture du cœur et de la conscience vers une meilleure connaissance de soi-même.
Est-ce que votre choix de faire du théâtre n’était pas une autre manière d’investir votre soif de sacré et de communion ?
Certainement ! Je faisais du théâtre depuis l’âge de douze ans, et à dix-sept ans j’ai décidé de m’y consacrer. Justement, le théâtre symbolisait la communion, une famille choisie, l’unité partagée. L’unité de temps aussi : tout se joue ici et maintenant. Sacraliser le moment avant qu’il ne parte. […] J’ai appris grâce au théâtre le « laisser faire », le « non agir », philosophie de la vie que je retrouverai plus tard dans un enseignement délivré dans le livre Dialogues avec l’ange.
Ici, en Terre sainte, vous participez à de nombreux offices religieux. Est-ce que vous retrouvez d'une manière nouvelle, plus explicite, ce besoin de célébration et de communion que vous ressentiez enfant ?
Enfant, j'avais besoin de sacré, mais je n'aimais pas la messe du dimanche, ce côté formel : « Chut, tais-toi, ne fais pas de bruit, tiens-toi bien, habille-toi bien etc. » (éclat de rire). […] Dans ce voyage en Terre sainte, je me sens reliée à partir du moment où il y a un silence intérieur et de la joie commune dans les célébrations ; peu importe que ce soit dans une église grec-orthodoxe, copte, éthiopienne ou catholique.
Concrètement, comment faites-vous pour réaliser ce processus alchimique de transformation des ténèbres en lumière ?
(silence) C'est faire de la place en soi. Si on est trop plein, si on a déjà beaucoup d'idées, beaucoup de croyances, beaucoup de certitudes, il est difficile de recevoir, de progresser. C'est dans le silence, c'est dans le vide qu'on peut recevoir, je crois, sentir cette présence. […] Avec le silence, on peut alors s'ouvrir à la présence de l'Autre. C'est l'expérience de la méditation et de la prière. Il y a une liaison verticale de la terre au ciel et du ciel à la terre.
Extraits d’un entretien réalisé en Israël (Lac de Tibériade et Jérusalem) au cours de la préparation du tournage de MARY par Frédéric Lenoir et paru dans Le Monde des Religions en Mars 05. Remerciements à Frédéric Lenoir.
Juliette Binoche occupe une place à part dans le cinéma français. Sa simplicité et son naturel sensible ont conquis le cœur d’une audience internationale. Née d'un père sculpteur et d'une mère professeur de français, elle débute sur les planches à 16 ans. Après le Bac, elle poursuit sa formation au Conservatoire ainsi que sous l'égide de Véra Gregh.
Après plusieurs rôles secondaires notamment dans JE VOUS SALUE MARIE (1984) de Jean-Luc Godard et LA VIE DE FAMILLE de Jacques Doillon, la jeune actrice décroche son premier rôle au cinéma sous la direction d’André Techiné dans RENDEZ VOUS (1984). Elle y interprète Nina, une jeune provinciale débarquée à Paris avec l’ambition de faire du théâtre. Sa performance unanimement louée au Festival de Cannes, lui vaut d’être nominée pour le César de la Meilleure Actrice.
En 1986, Juliette Binoche est l’interprète de MAUVAIS SANG, le second film culte de Leos Carax qui obtient le prix Louis-Delluc. L’année suivante, elle entâme une carrière internationale et décroche le rôle de Tereza, une jeune serveuse Pragoise, consacrée photographe dans L’INSOUTENABLE LEGERETE DE L’ETRE. La même année, on la voit sur les planches de l' Odéon, dans "La Mouette" de Tchekhov, face à André Dussollier sous la direction d'Andreï Konchalovsky.
L’année 1988 marque aussi le début de l’aventure LES AMANTS DU PONT NEUF. Cette production la mobilise plusieurs années, et la contraint à refuser les propositions qui affluent. Mais le pli est pris. Juliette Binoche est dorénavant entrée dans la cour des grands. Louis Malle ne s’y trompe pas et fait appel à elle dans FATALE. Le film y dépeint avec virtuosité les rapports troubles et passionnels d’un couple qu’elle forme avec Jeremy Irons. Son séjour en Angleterre se prolonge avec le tournage d’ une version inédite des HAUTS DU HURLEVENT (1992) de Peter Kominsky aux cotés d’un débutant nommé Ralph Fiennes.
Une rencontre décisive avec le réalisateur polonais Krzysztof Kieslowski en 1993 lui offre le rôle principal de BLEU qui lui vaut le César de la Meilleure Actrice. Elle réapparaît dans BLANC et ROUGE. Le monde entier célèbre alors la trilogie "Trois Couleurs". Dès lors, Juliette Binoche est consacrée star internationale.
Un an plus tard, elle incarne Pauline dans LE HUSSARD SUR LE TOIT de Jean-Paul Rappeneau, d'après le roman de Jean Giono. Triomphe public hexagonal, bientôt suivi, en 1996, par celui, planétaire, du drame romanesque LE PATIENT ANGLAIS, pour lequel Juliette Binoche remporte l'Ours d'Argent de la Meilleure Actrice au Festival de Berlin ainsi que l'Oscar du Meilleur Second rôle féminin. C'est la première fois depuis Simone Signoret qu'une actrice Française est ainsi reconnue à Hollywood.
A la fin des années 90, peu tentée par les sirènes du star-system à l’américaine, Juliette revient en France et retrouve André Téchiné pour ALICE ET MARTIN (1998) où elle incarne une violoniste qui tombe amoureuse d’un jeune homme en rupture, suivi quelques mois plus tard des ENFANTS DU SIECLE de Diane Kurys, relatant les amours romancées de George Sand et d'Alfred de Musset. Patrice Leconte lui propose ensuite d’interpréter LA VEUVE DE SAINT PIERRE (1999), drame romantique situé dans le Canada du XIXe siècle, aux cotés de Daniel Auteuil.
Elle poursuit une carrière exigeante avec CODE INCONNU (2000) qui marque sa rencontre avec le réalisateur Autrichien Michael Haneke, suivi de CHOCOLAT de Lasse Hallström qui lui vaut une nomination à l’oscar de la meilleure actrice. Elle retrouve la France et ses piétinements d’aéroport dans la romance DECALAGE HORAIRE (2001) de Danielle Thompson aux cotés de Jean Reno. Elle tourne deux films en 2004, BEE SEASON aux Etats Unis, avec Richard Gere et CACHE en Europe, à nouveau sous la direction de Michael Haneke, qui décroche le Prix de la Mise en Scène au Festival de Cannes 2005. Elle sera prochainement à l’affiche du premier film de Santiago Amigorena QUELQUES JOURS EN SEPTEMBRE et vient de tourner Breaking and entering, le nouveau film d’Anthony Minghella.
MARY d’Abel Ferrara marque son désir constant d'embrasser de nouveaux univers cinématographiques et peut-être le fruit d’un cheminement spirituel et profond peu connu.
2005 Breaking and entering d'Anthony Minghella
QUELQUES JOURS EN SEPTEMBRE de Santiago Amigorena
MARY de Abel Ferrara
2004 CACHE de Michael Haneke
BEE SEASON de David Siegel et Scott McGehee
2003 COUNTRY OF MY SKULL de John Boorman
2001 DECALAGE HORAIRE de Danièle Thompson
2000 LE CHOCOLAT de Lasse Hallström
CODE INCONNU de Michael Haneke
1999 LA VEUVE DE SAINT PIERRE de Patrice Leconte
LES ENFANTS DU SIECLE de Diane Kurys
1998 ALICE ET MARTIN de André Techiné
1996 LE PATIENT ANGLAIS (The English patient) de Anthony Minghella
1995 UN DIVAN A NEW YORK de Chantal Akerman
LE HUSSARD SUR LE TOIT de Jean-Paul Rappeneau
1993 TROIS COULEURS BLEU de Krzysztof Kieslowski
TROIS COULEURS BLANC de Krzysztof Kieslowski
TROIS COULEURS ROUGE de Krzysztof Kieslowski
1992 FATALE (Damage) de Louis Malle
1988 LES AMANTS DU PONT NEUF de Leos Carax
1987 L’INSOUTENABLE LEGERETE DE L’ ETRE (The Unbearable Lightness of Being) de Philip Kaufman
1986 MAUVAIS SANG de Leos Carax
1985 LA VIE DE FAMILLE de Jacques Doillon
1984 JE VOUS SALUE MARIE de Jean-Luc Godard
RENDEZ VOUS de André Techiné
1983 LIBERTY BELLE de Pascal Kané
FOREST WHITAKER
Théodore Younger
FILMOGRAPHIE SELECTIVE
2005 MARY de Abel Ferrara
2003 LE DIVORCE de James Ivory
2001 THE SHIPMENT de Alex Wright
1999 IF…DOG…RABBIT de Mathew Modine
1997 UNE VRAIE BLONDE (Real Blonde) de Tom DiCillo
THE BLACKOUT de Abel Ferrara
1995 L’ILE AUX PIRATES (Cut Throat Island) de Renny Harlin
1993 SHORT CUTS de Robert Altman
1992 EQUINOX de Alan Rudolph
WIND de Caroll Ballard
1990 FENETRE SUR PACIFIQUE (Pacific Heights) de John Schlesinger
MEMPHIS BELLE de Michael Caton Jones
1987 FULL METAL JACKET de Stanley Kubrick
ORPHANS de Alan J Pakula
1985 VISION QUEST de Harold Becker
THE HOTEL NEW HAMPSHIRE de Tony Richardson
1983 STREAMERS de Robert Altman
BABY IT’S YOU de John Sayles
HEATHER GRAHAM
Elisabeth
Née en 1970 dans le Wisconsin, Heather Graham suit ses études en Virginie et obtient un diplôme d’art dramatique. Elle travaille ensuite comme mannequin pour Emmanuel Ungaro Liberte avant de se produire sur les planches dans le Magicien d’Oz. Attirée par le métier d’actrice, elle s’installe à Los Angeles et décroche plusieurs rôles notamment celui d’une Junkie dans DRUGSTORE COWBOY (1989) de Gus Van Sant qui lui vaut d'être nominée pour l'Indépendant Spirit Award du meilleur second rôle. En 1992, alors qu’elle est à UCLA, elle fait la rencontre de James Woods et participe à LA NUIT DU DEFI de Michael Ritchie. ses
Heather Graham gagne définitivement ses galons d’actrice en endossant le rôle d’Annie Blackburn dans la série télévisée Twin Peaks. Elle reprend brièvement ce rôle en 1992 dans le film de David Lynch, puis retrouve Gus Van Sant sur EVEN COWGIRLS GET THE BLUES (1993.) Elle apparaît dans SIX DEGRES DE SEPARATION de Fred Schepisi puis dans MRS PARKER ET LE CERCLE VICIEUX (1994) d’Alan Rudolph avant d’accéder véritablement au rang de star.
En 1997, elle dévoile ses charmes aux cotés de Gary Oldman et Wiliam Hurt dans BOOGIE NIGHTS (1997) de Paul Thomas Anderson qui révèle définitivement son visage de porcelaine au grand public. Elle fait une brève apparition dans SCREAM 2 de Wes Craven, puis s’illustre dans des comédies à succès tel que BOWFINGER, ROI D’HOLLYWOOD de Frank Oz et AUSTIN POWERS L’espion Qui m’a Tirée (1999) de Jay Roach ou elle incarne l’espionne super sexe du déjanté agent secret. Elle retrouvera son rôle de Felicity en 2002 face à Myke Myers pour le troisième volet des aventures d’ AUSTIN POWERS-Goldmember.
Dès lors, la carrière d’Heather Graham se montre très prolifique. En 2001 elle est à l'affiche de FROM HELL des frères Allen et Albert Hughes où aux cotés de Johnny Depp elle traque Jack l'éventreur dans le Londres du 19ème siècle. On la voit ensuite dans la comédie Romantique RENCONTRES A MANHATTAN de Edward Burns qui traite de l'amour et de ses compromis suivi de FEU DE GLACE de Chen Kaige. Sa rencontre avec Abel Ferrara lui permet d’endosser le rôle d’Elisabeth, la compagne du journaliste Théodore Younger (Forest Whitaker) dans MARY .
FILMOGRAPHIE SELECTIVE
2005 MARY de Abel Ferrara
2004 CAKE de Nisha Ganatra
45 de Gary Lennon
2002 FEU DE GLACE de Chen Kaige
(Killing Me Softly)
AUSTIN POWERS 3 de Jay Roach
(Austin Powers-Goldmember)
2001 RENCONTRES A MANHATTAN de Edward Burns
(Sidewalks Of New York)
1999 AUSTIN POWERS L’ESPION QUI M’A TIREE de Jay Roach
(Austin Powers The Spy Who Shagged Me)
BOWFINGER ROI D’HOLLYWOOD de Frank Oz
(Bowfinger)
1998 PERDUS DANS L’ESPACE de Stephen Hopkins
(Lost In Space)
1997 BOOGIE NIGHTS de Paul Thomas Anderson
SCREAM 2 de Wes Craven
1994 MRS PARKER ET LE CERCLE VICIEUX de Alan Rudolph
(Mrs Parker And The Vicious Circle)
1993 EVEN COWGIRLS GET THE BLUES de Gus Van Sant
SIX DEGRES DE SEPARATION, de Fred Schepisi
(Six Degrees Of Separation)
1992 TWIN PEAKS de David Lynch
(Twin Peaks, Fire Walk With Me)
1990 JE T’AIME A TE TUER de Lawrence Kasdan
(I Love You To Death)
1989 DRUGSTORE COWBOY, de Gus Van Sant
1988 JUMEAUX de Ivan Reitman
1994 L’HISTOIRE DU GARCON QUI VOULAIT QU’ON L’EMBRASSE de Philippe Harel
ENTRETIEN AVEC ABEL FERRARA (réalisateur, co-scénariste) ET FRANK DeCURTIS (chef décorateur, co-producteur)
Quelle est la genèse de Mary ?
Abel Ferrara : C’est parti de l’histoire du journaliste qui anime un talk-show sur le Christ. Quand je regarde des stars de l’info à la télévision, je me demande toujours ce qui peut bien arriver dans leurs vies, à quel point une personnalité de la télé peut être sensible ou concernée par la foi. Un autre élément m’est venu des acteurs avec lesquels j’ai travaillé et de leurs sentiments quand le tournage est terminé. Tout à coup, ils ont l’impression que le film les abandonne et que le monde dans lequel ils vivaient s’évanouit. Enfin, j’ai toujours voulu faire un film sur Marie-Madeleine. C’est un personnage qui m’a toujours fasciné, sans que je sache vraiment pourquoi.
Pourquoi un film sur la foi aujourd’hui ? Pensez-vous que c’est un sujet dans l’air du temps ?
Abel Ferrara : Deux genres cohabitent dans Mary : le film religieux et le film sur les coulisses du cinéma. Le film religieux est un genre à part entière : du Roi des rois (Nicholas Ray, 61) à La Dernière Tentation du Christ (Martin Scorsese, 88) en passant par L’Évangile selon St Matthieu (Pier Paolo Pasolini, 64). Dès que vous dépeignez Jesus Christ, vous œuvrez dans ce genre. Pendant les quatre-cinq années durant lesquelles nous avons essayé de monter le film, on s’entendait dire que personne ne voulait voir un film sur la religion. Aujourd’hui, plus personne ne tient ce discours. Mais si La Passion du Christ de Mel Gibson n’avait pas été un si gros succès, Mary n’aurait jamais trouvé de financement. Mel Gibson a du financer et distribuer son film lui-même. Et aujourd’hui, on parle de « Passion dollars » (rire).
Frank DeCurtis : Quand on dépeint un personnage qui représente tant de choses pour tant d’individus, on a envie de le faire de la manière la plus juste et honnête possible, d’être respectueux de leur conviction. Qu’on soit croyant ou non.
Quand avez-vous découvert l’Évangile de Marie-Madeleine et cette découverte a-t-elle changé votre rapport à la foi ?
Abel Ferrara : Ca m’a ouvert les yeux. Rien que le fait de regarder La Cène et de se demander « Est-ce une femme assise parmi eux ? ». J’ai été élevé dans la religion catholique et quand vous êtes élevé dans cette religion, on ne vous apprend pas à réfléchir par vous-même, à interroger les Évangiles. Quand vous allez à l’Église le dimanche, La Bible vous est lue. Ils vous lisent ce qu’ils veulent bien vous lire, ils débattent de ce dont ils veulent bien débattre avec vous. Et c’est tout. On ne vous apprend pas à réfléchir sur les choses.
Dans la plupart de vos films, les hommes sont perdus et les femmes sont soit des saintes, soit leurs sauveuses. Dans Mary, c’est évident. De fait, présenter Marie-Madeleine comme l’un des disciples les plus proches de Jésus revient à réimposer le rôle de la femme dans l’Histoire et, comme le dit Juliette Binoche, « à réinjecter le sens de la féminité dans notre conscience collective ».
Abel Ferrara : L’histoire de Marie-Madeleine est une histoire féministe. C’est le féminisme des origines. D’ailleurs, la réévaluation du rôle de Marie-Madeleine a réellement commencé à la naissance du féminisme dans les années 70.
Frank DeCurtis : Quand un chef spirituel meurt, quel qu’il soit, des conflits naissent parmi ses disciples. Ils rentrent en compétition pour savoir qui véhicule le message le plus fidèle à celui de leur leader. C’est comme ça que Marie-Madeleine et, dans une moindre mesure, Jean ont peu à peu disparu des pages des Évangiles.
Abel Ferrara : En l’espace de deux millénaires, Marie-Madeleine a d’abord été dépeinte comme une disciple du Christ, puis comme une prostituée... Ils ont essayé d’en faire trois individus différents. Tout ça était volontaire. Alors, si l’on a trouvé cette jarre en Egypte en 1945 (qui contenait des passages essentiels des Évangiles de Pierre, Philippe… et Mary grâce auxquels leurs rôles respectifs ont pu être réévalués), que va-t-on découvrir d’autre dans le futur ? Voir quoi d’autre a-t-on déjà trouvé ?
Dans Mary, vous mettez en scène la scène des Évangiles Gnostiques où Pierre s’en prend à Marie et vous établissez un parallèle avec le conflit qui oppose Ted et sa femme, celui entre Tony et son actrice Mary, celui entre Israëliens et Palestiniens… Vous questionnez le sens de la responsabilité de chacun, à différentes échelles.
Abel Ferrara : C’est le fondement du message de Jésus : « Aime ton prochain comme toi-même ».
Il y a aussi ce plan éloquent de Ted (Forest Whitaker) se disputant au téléphone avec sa femme pendant que, derrière lui, la télévision diffuse des images du conflit israëlo-palestinien.
Frank DeCurtis : Ca remet les choses en perspective. Tandis qu’il se dispute avec sa femme, des gens sont tués. Il ne jette même pas un œil à l’écran. Ca fait partie de son quotidien, il est habitué à voir ses images. Puis, pour une raison ou une autre, il rappelle sa femme et s’ excuse.
Vous abordez Jésus et le message des Évangiles dans une perspective humaine, quotidienne. Jésus n’apparaît jamais comme une icône divine.
Abel Ferrara : C’est le seul moyen de faire des films. Je ne peux pas m’imaginer ou mettre en scène des gens comme autre chose que des êtres humains.
Comme le dit Saint Thomas « La lumière divine est en chacun de nous ».
Frank DeCurtis : C’est un plutôt bon message. Quand vous êtes dans le doute, allez chercher à l’intérieur de vous-même car vous êtes la personne la mieux placée pour savoir qui vous êtes, ce que vous faites et de quelle manière cela affecte les autres. Les psychanalystes formulent ça ainsi : « Si vous avez divorcé dix fois au long de votre vie, demandez vous quel est le dénominateur commun à tous ces divorces ? Vous. »
Mary vous a offert l’opportunité de vous rendre à Jérusalem pour la première fois. Vous y avez tourné les deux derniers jours. Qu’avez-vous tiré de cette expérience ?
Abel Ferrara : Ce film n’aurait pas pu exister si nous n’étions pas allés là-bas. Les films qui se déroulent à Jérusalem ne sont jamais tournés sur place. Ils sont filmés au Maroc ou à Matera en Italie… Si nous n’y étions pas allé, alors qui ?
Comment avez-vous choisi les théologiens qui sont interviewés dans Mary ?
Abel Ferrara : Juliette Binoche nous a présenté Jean-Yves Leloup. Il représente les Gnostiques. Leloup, qui est un ami de Juliette Binoche, a traduit l’Évangile de Marie-Madeleine. Binoche et Leloup avaient même essayé de faire un film sur elle. Donc, quand nous avons rencontré Binoche, elle était déjà sur la même longueur d’ondes que nous. C’était fantastique. Amos Luzzatto représente les Juifs. C’est un juif Italien, un homme très brillant à la croisée de deux grandes cultures. Comme nous avons utilisé le travail d’Elaine Pagels pour nos recherches, nous l’avons fait apparaître dans le film pour qu’elle nous parle de l’histoire de Marie-Madeleine. Enfin, je voulais faire intervenir quelqu’un de l’Église. Nous avons donc interrogé un prêtre italien, mais pas le Vatican.
Le film semble avoir beaucoup évolué lors du montage.
Abel Ferrara : Parce que nous avions des acteurs tels que Juliette Binoche qui vivait très profondément l’histoire de Marie-Madeleine. Certaines actrices auxquelles nous avons parlé ne savaient même pas qui est Marie-Madeleine. Et puis arrive Binoche qui avait déjà imaginé le film dans sa tête. Nous avions aussi Forest Whitaker dont le grand-père était un célèbre pasteur au Texas. Matthew Modine, qui joue un réalisateur, est lui-même réalisateur et il a grandi dans un drive-in où son père était projectionniste. Chacun d’entre eux a apporté énormément de lui-même à l’histoire de Mary.
Le personnage de Matthew Modine semble proche de vous. Vous pourriez tenir le même discours que celui qu’il tient sur les « films avec des seins et des culs et les films d’horreur ».
Abel Ferrara : Il joue le réalisateur que j’aimerais être. Un vrai trou du cul. Un connard arrogant qui n’en a rien à foutre (rire).
Pourquoi avoir choisi une musique qui sonne parfois proche du western-spaghetti?
Abel Ferrara : Nous avons choisi une musique centrée sur la guitare. Son compositeur, Francis Kuipers, est un grand guitariste de blues. Il a démarré dans les années 60, accompagné les poètes de la Beat Generation, travaillé avec Philip Glass…
Depuis quelques années, vos films sont plus calmes et cérébraux, moins violents et viscéraux. Comme le prouve Mary. Vous semblez aussi être de plus en plus optimiste. Mary se termine même par une manière de happy-end. Finie l’auto-destruction ?
Abel Ferrara : Quand vous la pratiquez dans votre vie, vous n’avez pas besoin d’en parler à l’écran (rire). Plus sérieusement, Mary contient tout de même des images d’actualité d’un garçon de neuf ans qui se fait tuer. Ceci dit, ce n’est pas faux. Je ne vais pas faire Driller Killer toute ma vie. The Addiction était aussi un film cérébral. La fin de R-Xmas était aussi optimiste. Je pense que ça vient simplement de l’approche que j’ai adoptée pour ces films en particulier. Les films que je prépare comme Go-Go Tales et le « prequel » de King Of New York sont très différents.
Seriez-vous en train de vous assagir ?
Abel Ferrara : Je ne pense pas. Ce sont juste les cellules de mon cerveau qui dégénèrent (rire). Non, sérieusement, après le 11 septembre, nous avons commencé à nous demander « Où allons-nous ? Que faire ? » Ca a changé notre attitude vis-à-vis du cinéma. Faire des films semble aujourd’hui plus important qu’auparavant. Et il est devenu très difficile de faire des films à New York. Je voulais réaliser un film sur le 11 Septembre mais personne n’en voulait. Je voulais participer au film 11’09’01-September 11 mais on ne voulait pas de moi.
La manière dont vous filmez New York dans Mary est très intéressante. Vous la montrez comme une ville-fantôme où Ted semble errer telle une âme perdue.
Abel Ferrrara : Cela correspond à la vision de Ted. Ted n’existe pas dans New York. C’est un homme riche qui va de son bureau à sa maison, aux abords de la ville, dans sa limousine. Il ne prend pas le métro. Il observe le Monde à travers son ordinateur ou la télévision. Il n’est pas relié à ce qu’ il se passe autour de lui. Tout lui est extérieur. Jusqu’à ce qu’une pierre traverse la vitre de sa voiture.
Le fait de quitter New York pour vivre à Rome a-t-il eu un impact sur votre cinéma ?
Abel Ferrara : Évidemment.
En 1981, Il met en scène une jeune aveugle qui, violée se décide à faire payer les hommes dans L’ANGE DE LA VENGEANCE. Il réalise ensuite NEW YORK 2 HEURES DU MATIN, où un maniaque recherché mutile des strip-teaseuses. En 1987, CHINA GIRL décrit une histoire d'amour impossible sur fond de guerre des gangs en plein cœur de Manhattan. Abel Ferrara se confirme comme un auteur au style unique, rongé par une vision noire de la société Américaine.
A la fin des années 80, il réalise quelques épisodes de « Deux Flics à Miami » ainsi que les téléfilms « The Gladiator » et « Crime Story ». Il obtient en 1990 une reconnaissance internationale avec THE KING OF NEW YORK, polar nerveux et sanglant aux résonances mystiques dans lequel Christopher Walken incarne un parrain repenti.
Abel Ferrara réalise successivement, BAD LIEUTENANT (1992) avec Harvey Keitel dans le rôle d’un policier dépravé rongé par un besoin de rédemption et BODY SNATCHERS, remake de « L’Invasion Des Profanateurs » sur la conquête du monde par une entité extraterrestre. L’année suivante, SNAKE EYES met Madonna, star de cinéma aux prises avec un réalisateur tyrannique. Etranges, habités, les films d’Abel Ferrara décrivent un monde sans espoir.
En 1995, THE ADDICTION, film de vampire en noir et blanc, avec Christopher Walken, Lili Taylor et Annabella Sciorra obtient le Grand Prix du Festival du film de Sundance. L’année suivante, NOS FUNERAILLES, avec Christopher Walken, Chris Penn, Isabella Rossellini, Vincent Gallo et Benicio Del Toro nous propulse dans l'univers sombre et étouffant d'une famille de mafiosi. Cette oeuvre intense est suivi en 1997 par THE BLACKOUT, histoire d'amour d’un acteur pour deux femmes teintée de sexe, drogue et alcool avec Claudia Schiffer, Béatrice Dalle et Mathew Modine. Il retrouve Christopher Walken, son acteur fétiche dans NEW ROSE HOTEL (1998), un thriller psychologique avec Asia Argento et Willem Dafoe. En 2001, CHRISTMAS annonce un soir de Noël peu commun dans une famille d’immigrés à la tête d'un important réseau de trafic de drogue.
Pour MARY, Abel Ferrara réunit une fois de plus, un casting impressionnant.. En restant fidèle à ses thèmes de prédilection, Abel Ferrara signe un de ses films les plus personnel.
FILMOGRAPHIE CINEMA
2001 ‘RXMAS
(Christmas)
1998 NEW ROSE HOTEL
1997 THE BLACKOUT (+ scénariste et acteur )
1996 NOS FUNERAILLES
(The Funeral)
1995 THE ADDICTION (+ scénariste)
1993 SNAKE EYES
L’INVASION DES BODY SNATCHERS
1992 BAD LIEUTENANT (+ scénariste)
1990 LE ROI DE NEW YORK
(King of New York)
1987 CHINA GIRL
1984 NEW YORK 2 HEURES DU MATIN
Fernando Sulichin compte parmi les producteurs qui incarnent à l'heure actuelle l'esprit d'une production libre et indépendante. Dès 1995, THE ADDICTION d'Abel Ferrara le nomine pour l'Award de l'esprit indépendant. Il est cité par "the Hollywood reporter" comme l'un des 10 producteurs les plus talentueux ayant développé des projets avec Sean Penn, Marlon Brando, Gabriel Garcia Marquez, Spike Lee, Oliver Stone, Martin Scorsese, etc.
Originaire d'Argentine, il obtient un diplôme d'architecture, puis émigre aux Etats-Unis et y poursuit des études de Cinéma. En 1990, il crée à Paris le festival Court-Cicuit où il rencontre Spike Lee. MALCOM X nominé pour l'Academy Award marque leur première collaboration, renouvelée sur SHE HATE ME.
En 1999, il crée avec Chris Hanley la société "Black List Film". BULLY de Larry Clark est le premier opus de cette collaboration. Acclamé par la critique, il est sélectionné en 2001 à la Mostra de Venise et au festival de Deauville. D'autres productions verront le jour : LOVE LIZA avec Phillip Seymour Hoffman et Kathy Bates, SPUN réunissant Mickey Rourke, Brittany Murphy et Mena Suvari, puis TIPTOES avec Gary Oldman et Matthew McConaughey.
Fernando Sulichin a élargi ses compétences en produisant une série de publicités aux côtés de Nelson Mandela, Marlon Brando, Leonardo Di Caprio, Tony Scott, Spike Lee, Chris Cunningham, Woody Allen, Martin Scorsese et Oliver Stone.
En 2001, il crée sa propre société Rule 8 Productions. Il développe et produit 3 documentaires politiques d'Oliver Stone sur des leaders charismatiques du XXéme Siècle. Les deux premiers volets de ce triptyque : COMANDANTE et LOOKING FOR FIDEL dressent un portrait de Fidel Castro et de Cuba. Le dernier, PERSONA NON GRATA, propose sa vision singulière sur le conflit du Moyen-Orient.
En 2003, Fernando Sulichin produit le dernier film de Spike Lee, SHE HATE ME, et assure la fonction de producteur exécutif sur ALEXANDRE, le dernier film d'Oliver Stone. En 2004, il s’installe en France et créé sa société de production : Central Films. Il prépare actuellement I COME WITH THE RAIN de Tran Anh Hung (L'odeur de la Papaye Verte, Cyclo, A la verticale de l'été), THE VACATION, comédie de Henri Alles avec José Garcia.
COMANDANTE d’Oliver Stone
LOOKING FOR FIDEL d’Oliver Stone