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tetierecannes2003
Quinzaine des réalisateurs. Claire Doyon, héritière stylée du baroque flamboyant d'un Cocteau.
Des «Lionceaux» à apprivoiser
Par Philippe AZOURY

samedi 24 mai 2003


 
 
 

Au coeur du film, deux filles d'un couple d'artistes très à part (joués par Dani et Jacno), que vient séparer Gustave, jeune homme surgi de la mer.
  Les Lionceaux
de Claire Doyon, avec Lisa Lacroix, Marie Félix, Guillaume Gouix,
Dani, Jacno... 1 h 16.

sa façon, le titre du premier film de Claire Doyon ne ment pas : les Lionceaux peut effectivement se voir comme un documentaire animalier. Avec l'adolescence pour jungle dangereuse et les jeunes sauvageons aux instincts impulsifs qui l'habitent en guise de faune.

Deux jeunes filles investissent une île (en bordure du golfe du Lion) de leurs enfantillages : elles se griffent, se maculent le visage de boue, inventent des chorégraphies foldingues, revêtent des soies rouges, jaunes, vertes, bleues. Elles sont les enfants terribles d'un couple d'artistes très à part, dont la mère est incarnée par Dani, clope au bec, et le père, un artiste à la Cocteau qui parle aux statues, Jacno, plus Bowie que jamais.

Folie douce. Un matin, recouvert d'algues et de sel, vient s'échouer sur la rive de leur folie douce un divin cadeau du ciel : un jeune homme, Gustave, aussi spontanément animal qu'elles en ont assez de n'être qu'enfantines. Le bouche-à-bouche dont use l'aînée des deux gamines pour le ranimer scellera leur amour. Il sera le centre exclusif de ses jeux, écartant la plus jeune des deux soeurs. Mise sur la touche, ou plutôt remisée au ponton, celle-ci observera toute la gamme des nouvelles occupations auxquelles les électriques deux petits lions vont s'essayer. Un félin n'apprend pas, il expérimente tour à tour mais reste non apprivoisé.

Non apprivoisé, les Lionceaux l'est tout autant : film ovni, proche du Filme de amor de Júlio Bressane, voisin de Quinzaine, qui peut larguer en route pas mal de spectateurs mais provoque chez les autres une ferveur récompensée au centuple. Notamment chez nous, comblé par autant de propositions cinématographiques à contre-courant de tout le naturalisme tricolore ambiant.

Ile mentale. Les mouvements sont des chorégraphies, les matières flottent, les mots sont devenus des rugissements, tout tourne à la renverse, la moindre escalade est montée en épingle comme si, à chaque heure, se rejouait un théâtre solaire et décadent que l'on jurerait tombé des cieux ou d'un roman fin de siècle de Sar Peladan. Héritière stylée du baroque flamboyant d'un Werner Schroeter ou d'un Jean Cocteau, Claire Doyon s'est inventé un monde à soi qui est un monde de soie et de tulle, susceptible à tout moment de craquer. Si elle est, hypothèse, une documentariste animalière perdue sur une île mentale, on peut dire que ce qu'elle capture, elle le restitue toujours sous une évanescente matière hymen. Et si ce film menace de céder à tout moment sous le poids du risque encouru, il réussit cependant l'exploit de tenir la note de bout en bout et de nous emporter assez loin l

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